Quand la musique adoucit les mœurs et la santé Nathalie CYNAMON AISENBERG
ORL installée dans la proche banlieue parisienne, Nathalie Cynamon Aisen- berg, parallèlement à son activité professionnelle, consacre avec passion une partie de son temps à une vie associative intense et à la musique. Nous sommes allés à sa rencontre.
Quel a été votre parcours ?
Nathalie Cynamon Aisenberg : Je suis née le 23 août 1967 à Drancy au sein d’une famille juive ashkénaze. Mon histoire familiale a toujours été marquée par ce qu’ont vécu mes grands-parents et parents pendant la guerre. Ma grand-mère maternelle, qui a été déportée, est revenue des camps. Sa fratrie a été recomposée dans l’après-guerre sur plusieurs années (une de ses sœurs, libérée par les Américains était à New York et un frère à Londres). Quant à ma mère, elle a été une enfant cachée, comme ses frères mais est retournée vivre avec ses parents à l’âge de 12 ans.
Pour ma part, après ma scolarité primaire et secondaire (en parallèle de laquelle je faisais de la danse classique et du piano comme la plupart des enfants), j’ai poursuivi un cursus de médecine à Paris, me spécialisant en ORL et enrichissant mon parcours de huit diplômes universitaires, allant des explorations fonctionnelles, de la médecine de plongée, de l’allergologie à la médecine du sommeil.
Vous êtes spécialisée dans le traitement des troubles du sommeil, notamment chez les femmes enceintes.
Quels types de pathologies avez-vous l’habitude de traiter ?
Nathalie Cynamon Aisenberg : Ma spécialité première est l’ORL, avec une expertise approfondie en pédiatrie, en surdité infantile et dans les pathologies vertigineuses. Je prends en charge tous types de troubles du sommeil et ce, quels que soient les âges des patients, mais ces troubles du sommeil pendant la grossesse peuvent avoir des répercussions majeures sur la mère et le fœtus, d’où l’importance de sensibiliser. Je dépiste et traite égale- ment beaucoup de rhinites allergiques, également bien trop souvent méconnues. Dans un autre domaine, en tant qu’ORL médecin de plongée, je m’occupe des accidents de plongée, accidents de décompression ou barotraumatisme (oreilles et de sinus).
Vous accordez une grande importance à la musique dans votre vie. Pourquoi ?
Nathalie Cynamon Aisenberg : La musique me donne un équilibre, tout comme la danse. Cela me permet de me poser et me procure une grande joie, ce qui est important pour mieux gérer le quoti- dien et la lourde charge de ma vie professionnelle. En effet, en plus des consultations, je fais égale- ment partie du bureau du Réseau Morphée et suis présidente de l’Association Française Sommeil en ORL. Je participe également en tant qu’ensei- gnante à 4 diplômes interuniversitaires et en tant qu’intervenante dans des congrès ou autres for- mations médicales.
Vous appartenez à une formation musicale axée sur un répertoire klezmer.
Est-il important de maintenir vivace ce type de musique qui appartient à un monde aujourd’hui disparu ?
Nathalie Cynamon Aisenberg : Je fais en réa- lité partie de deux ateliers orchestres klezmer. Détrompez-vous, cette culture musicale n’est pas disparue. Il s’agit d’une culture profondément an- crée dans de nombreux pays de l’est de l’Europe comme la Roumanie, la Moldavie ou la Hongrie… Les chansons en yiddish qui ont accompagné mon enfance continuent d’être interprétées de nos jours lors d’événements festifs.
Vous êtes à l’origine de la création avec vos trois filles Deborah, Keren et Noa, de deux fondations : Cynamon, abritée par la Fondation de France et Kinamon, sous égide de la Fondation du Judaïsme Français.
Quels sont leurs objectifs ?
Nathalie Cynamon Aisenberg : L’objet de nos deux fondations est de soutenir des projets en faveur des personnes vulnérables comme les mères isolées, les personnes âgées ou encore les per- sonnes souffrant de handicap, en leur proposant des activités socioculturelles, un accès à l’éducation, à une formation professionnelle, à la santé dans un contexte de solidarité. Nous agissons parfois en interaction avec d’autres fondations et soutenons diverses associations, en participant financièrement à la réalisation de certains projets. Les projets sont variés et peuvent concerner la musique avec l’aide à la diffusion de spectacles principalement axés sur le klezmer, par exemple en EHPAD dans les hôpitaux, ou dans des centres d’hébergement.
Nous soutenons également 3 projets de partage musical, « Musique ensemble 20ème », « Instruments partagés », qui récupère les instruments non utilisés, les répare et les prête pour l’année à des personnes en école de musique ne pouvant en acquérir, et le projet « DEMOS » de la philharmonie de Paris.
Nous aidons également 2 projets concernant les aidants (d’enfants handicapés), « Les bobos à la ferme » et « Le village des enfants extraordinaires », qui sont des lieux de répit et de ressourcement pour l’un et, pour l’autre, d’aires de jeux et autres activités adaptées pour ces enfants qui pour la plupart n’ont pas accès à ce type de distraction. Nous avons également soutenu des projets tel que « Solivet » qui aide non seulement à l’hébergement des personnes sans domicile fixe ayant un chien, mais également à la réinsertion par l’emploi de ces personnes.
Et, pour clore ce survol, mais ce n’est pas la fin de nos projets, nous avons aussi une action patrimoniale, comme pour le Musée Juif de Bayonne. Mais ma plus grande joie et ma plus grande réussite ce sont mes 3 merveilleuses filles.
Propos recueillis par Jean-Pierre Allali